Rouges jardinspar Guy Grandjean
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Bébés & poussins

Ecologie

Le lien entre la poule & son rejeton est aussi un lien bactériologique

Dans les élevages de volailles, depuis longtemps l’incubation des oeufs est artificielle, les petits poussins sont élevés en foules immenses, dans des couveuses. Il n’y a aucun contact entre les poules et leurs rejetons.

C’est récemment qu’on a découvert une faiblesse de ce système de production. Le poussin vient au monde stérile. A la naissance, tout son système disgestif se colonise des bactéries qui l’entourent. Et parfois, cette colonisation se passe mal, le poussin devient alors plus sensible à des microorganismes pathogènes.

Dans ces conditions, les pioux pioux développeront beaucoup plus souvent les fameuses  salmonelloses qui sont une des plaies de ces élevages; alors qu’élevés en présence de poules, sa microflore intestinale s’installe de manière plus efficace, elle peut jouer son rôle de « flore de barrière ». Non seulement il profite de la sollicitude maternelle, mais aussi, du microbiote de maman poule.

Dans un élevage familial, si vous mangez les oeufs le jour même, ou si vous gardez les oeufs à moins de 10 °C, c’est bien simple, le risque pour vous d’être malade d’une toxiinfection à Salmonelle est égal à ZERO…..

Mais évidemment, notre bonne vieille terre  doit nourrir 7 milliards d’habitants, et le poulailler type familial,  c’est un peu riquiqui à côté…

Chez les hommes, on observe un phénomène très voisin. Né d’une césarienne « programmée », un bébé qui ne bénificie pas de l’allaitement s’ensemence des bactéries de l’environnement, mais moins  des bactéries maternelles. L’implantation des Lactobacillus et des Bifidobacterium, l’essentiel des germes intestinaux à cet âge, est retardée. Au cours d’une naissance  » normale », le bébé  fait siennes ces bienfaisantes bactéries au cours de l’allaitement, au contact de la filière vaginale et périnéale.

C’est tout à fait récemment que des équipes ont identifié les germes naturellement présents dans le collostrum, ce premier jus si bienfaisant à nos nouveaux nés: 700 espèces ont été recensées, qui bien sûr, ne sont pas classées comme bactéries pathogènes. Weisella, Leuconostoc, Staphylococcus, Streptococcus, Lactococcus sont les principaux genres retrouvés. Cette biodiversité qui s’installe est le premier pas vers l’établissement de flores de barrière : cette minuscule soldatesque envahit notre espace intestinal, en participant à une symbiose étroite avec notre corps tout entier. Cette formidable coopération qui touche à la synthèse de vitamines, aussi bien qu’ à la mise en place d’une puissante immunité, est très certainement une des raisons de l’incroyable adaptabilité de l’espèce humaine…

Sans cette appropriation de bactéries que l’on peut dire symbiotiques, le bilan, en terme de santé, est plutôt lourd: plus de coliques jusqu’à 12 mois, plus de diarrhées, plus de sensibilisation aux allergènes (80% en plus !!), plus de rhinites allergiques, et même plus d’asthme…

C’est pour cette raison qu’on propose aux enfants nés par césarienne et non allaités, des laits infantiles enrichis en probiotiques, lactobacilles et/ou bifidobactéries (Pour les pioux pioux, on fait pareil, depuis plus longtemps).

Dans le domaine des maladies inflammatoires de l’intestin, c’est encore confus. Mais clairement c’est un microbiote malmené, perturbant l’immunité des patients, qui en est à l’origine, pour partie. Microbiote malmené par la « malbouffe », chez certains sujets prédisposés, mais sans qu’on puisse préciser d’avantage.

En particulier un germe quasi absent de la flore se développe pendant les crises d’appendicite et certaines pathologies intestinales. Le Bilophila ne se développe qu’en présence de bile « en excès », comme son nom l’indique…..

Il est curieux d’observer que notre Salmonelle de piou piou aime bien aussi la bile, au point qu’elle peut même l’infecter, alors que normalement, c’est un jus plutôt hostile aux microorganismes. Il faut dire qu’elle aime le soufre, comme notre Bilophila, dont est riche notre fiel (nom  » vulgaire » de la bile). Elle s’attaque aux oeufs depuis des millions d’années, chez pratiquement toutes les espèces.

L’oeuf, le jaune comme le blanc, est lui aussi très riche en soufre: manger des oeufs en quantité  et vous péterez du sulfure d’hydrogène. Les boules puantes en dégagent quand on les casse…

Les liaisons di sulfures sont très solides et participent à la formation du blanc, un gel qui protège le jaune des invasions bactériennes…

Cette affaire d’intestin, ça sent vraiment le soufre!